18/05/2015
Non
seulement notre ancien local était véritablement trop petit, mais
le propriétaire avait pris la décision unilatérale d’en
augmenter le loyer. Laxmi, fine mouche, et parce que nous souhaitions
partir, lui avait à l’époque demandé ce qui se passerait si nous
refusions de payer l’augmentation. « Alors, avait dit le
propriétaire, il faudra partir. »
Ce
qui nous mettait dans la situation de refuser une augmentation, indue
selon nous, et non pas de rompre l’accord moral avec le
propriétaire.
De
cette façon, le propriétaire, et non pas nous, était le
responsable moral de notre départ, en nous imposant cette
augmentation de loyer (indue, selon nous, vu que le local ne se
composait que d’une seule pièce). De cette façon, il serait plus
facile de déménager.
Il
a fallu plusieurs visites avant que nous mettions la main sur le
local approprié. De celui-ci, le propriétaire exigea tout d’abord
6600 roupies. Et si cela ne nous convient pas ? s’était
enquis Lakhshmi.
-
Eh bien, avait dit le propriétaire, c’est comme ça, et tu diras à
la dame que si elle n’est pas contente, c’est pareil.
Ce
à quoi Valérie avait répondu du tac au tac et en hindi :
-
Non, elle ne dira rien à la dame, parce qu’elle comprend le hindi.
Surprise,
bien entendu, du propriétaire. Valérie a ensuite fait appel aux
bons sentiments de cet homme : ne pouvait-il pas faire un geste
pour une ONG ? Ce qui l’a fait sourire : les gens ici
sont – à juste titre ? – convaincu que les ONG enrichissent
les bénévoles.
C’est
alors que nous avons sorti le grand jeu : Valérie venait de
tellement loin pour aider les enfants du bidonville de Dehradun,
alors que lui, tout à côté, ne faisait rien du tout :
n’avait-il pas de cœur ? Et Valérie, tout emplie de dignité
offensée, de s’éloigner, suivie par Laxmi.
A
peine avions nous fait 100 mètres que l’homme les rappelait,
acceptait de baisser à 5500. De fil en aiguille, il nous proposa de
boire un chai chez lui, et la journée s’est achevée en discussion
avec le papa ….
